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Médiathèque 3ème lieu à Thionville

AMC

ISSN : 0998-4194
éditeur : AMC
date de parution : Février 2017
nbre de pages : 132
format : 23 x 30 cm
langues : Français

Au sommaire du numéro d'AMC qui vient de paraître (n°257-février 2017): un dossier sur les architectures éphémères et mouvantes dans le spectacle vivant, des détails sur les surtoitures et une matériauthèque consacrée aux matériaux flexibles et élastiques. Mais aussi un événement sur les chais viticoles, ainsi que les réalisations du mois: la bibliothèque Alexis-de-Tocqueville à Caen par OMA, l'extension d'un collège à Saulieu par Charles-Henri Tachon, un centre de services communaux à Ledeberg en Belgique par ADVVT, une médiathèque à Thionville par Dominique Coulon et l'aménagement d'un centre d'information à Paris XIIIe par Data architectes. En référence, Sabaudia (Italie), ville nouvelle créée par le régime fasciste en 1934 et témoin exceptionnel de l'urbanisme et de l'architecture rationalistes.

Edito

Murs et culture

Le 25 janvier, Donald Trump, président de la première puissance mondiale depuis cinq jours, signait un décret pour construire un mur de 1600 km le long de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. Promoteur immobilier de son état, le geste lui est sans doute familier, si ce n’est qu’il ne s’agit pas là d’un mur pour abriter la vie humaine du froid, du vent ou des intempéries mais pour ­séparer, exclure et rejeter l’étranger ou l’indésirable.

On se dit alors qu’on a la chance de vivre dans un pays où, au même moment, on fête les 40 ans d’une loi qui stipule qu’un mur –enfin, une architecture– est une expression de la culture! En France, la construction d’un mur doit rassembler les personnes et qualifier l’espace du vivre ensemble. Et s’il doit délimiter quelque chose, c’est la frontière entre les sphères privée et publique.

Mais une loi ne fait pas tout. Celle de 1977 –puisque c’est d’elle dont il s’agit– spécifiait dans son article 1: "La qualité des constructions, leur insertion harmonieuse dans le milieu environnant, le respect des paysages naturels ou urbains ou du patrimoine sont d’intérêt public." Elle a pourtant été dans l’incapacité d’empêcher, depuis la fin des années 1970 justement, le zonage des territoires, l’étalement des lotissements, le massacre des entrées de ville, avec la prolifération des centres commerciaux périphériques et des ronds-points. De même, en affirmant la primauté de la dimension culturelle et intellectuelle de l’architecture sur sa dimension matérielle et technique, la loi de 1977 prenait un pari qui, quarante ans plus tard, s’avère loin d’être gagné. Si à la fin du XVIIIe siècle, Etienne-Louis Boullée affirmait déjà dans son Essai sur l’art que ­l’architecture est avant tout "une production de l’esprit", la chose reste loin d’être acquise pour le grand public et, plus grave, pour les élus et les maîtres d’ouvrage. Même en France, une loi et ses décrets n’ont pas suffi pour convaincre les esprits.

Gilles Davoine, rédacteur en chef