Maitrise d’ouvrage : Privé
Coût : 1 320 000 € H.T.
Surface : 500 m2
Cette petite tour est construite dans le quartier historique de la Krutenau à Strasbourg. La ville possédait un certain nombre de dents creuses, de terrains libres trop petits pour intéresser les promoteurs. La consultation lancée demandait, en échange d’un prix attractif, la réalisation de bâtiments exemplaires qui s’engagent sur des performances énergétiques élevées, l’utilisation de matériaux bio-sourcés et un projet de mixité. Sur la surface des cent vingt mètres carrés de la parcelle, nous avons proposé un programme de bureaux et de logements, ainsi qu’un jardin potager et une piscine biologique sur la dernière terrasse. La peau extérieure est en bois brûlé, du mélèze, une technique souvent employée au Japon qui rend pérenne le matériau grâce à la brûlure de la première peau. La façade masque l’imbrication des programmes. Le jeu des percements semble ne suivre aucun impératif fonctionnel et leurs tailles différentes brouillent la lecture des étages. Nous sommes dans une liberté contenue. En hauteur, un volume de béton brut pivote de dix degrés. Il s'autonomise par rapport à la masse noire du socle de bois et donne une lecture dynamique de l’angle. À la silhouette étrange de ce bâtiment sombre, des stores en projection oranges et argentés donnent une teinte colorée. Le bâtiment est généreux avec la rue : de grandes baies offrent des vues sur l’atelier de maquette placé légèrement en contrebas et donne à voir l’activité d’un bureau d’architecture. Cette transparence est empruntée aux pays nordiques où les habitants placent souvent leurs plus beaux objets devant la fenêtre comme un don à la rue. À la manière du Raumplan de Loos, les espaces s’imbriquent dans un jeu complexe, les doubles hauteurs donnent une fluidité à l’ensemble. L’espacement entre les dalles diffère en fonction des espaces qui trouvent ainsi leur proportion adéquate. À l’intérieur, les matériaux utilisés sont robustes et rustiques. Les dalles de béton ont simplement été polies. Les étagères et les placards sont en bois et l’escalier en métal laissé brut. Le bâtiment semble se jouer des données contradictoires de la situation. Il condense cette complexité et en offre une lecture joyeuse.