AMC n°285
ISSN : 0998-4194
éditeur : AMC
date de parution : Mars 2020
nbre de pages : 124
format : 23 x 30 cm
langues : Français
Au sommaire du numéro d'AMC qui vient de paraître (n°285-mars 2020): une enquête sur les écoles de design et d'architecture d'intérieur, un dossier sur le rénovation environnementale, des détails "façades biosourcées" et une matériauthèque "seconde vie". Mais aussi les réalisations du mois: le bâtiment de l’école d’économie de Toulouse signé Grafton, l'agence des architectes irlandaises Yvonne Farrell et Shelley McNamara, lauréates du prix Pritzker 2020, 32 logements sociaux signés Sophie Delhay à Dijon, une résidence pour personnes âgées à Huningue (Haut-Rhin) conçue par Dominique Coulon et une école maternelle à Paris par LA architectures. En référence, "Julio Lafuente, un romain organique et baroque".
Edito
Archaïque. A l’époque de l’instantané et de l’immédiat, le dérèglement climatique a contre lui de se produire dans la longue durée. Pourtant certains événements ponctuels lui donnent une consistance plus palpable. Comme cette année, la quasi-disparition de l’hiver, entre décembre et février, sur le continent européen. Comme l’appel à la désobéissance civile publié dans Le Monde du 21 février par près de 1000 scientifiques de toutes disciplines, dénonçant l’inaction des pouvoirs publics: «Les émissions de CO2 ont encore augmenté de 1,5% par an dans les dix dernières années. En France, l’empreinte carbone de chaque habitant est de 11 tonnes d’équivalent CO2 par an. Il est vital qu’elle descende à 2 tonnes d’ici 2050.» Et d’appeler, d’urgence, à la rébellion et au développement d’alternatives. Pour le monde de la construction et les architectes, on peut parier que ce sera l’un des enjeux majeurs de la décennie qui s’ouvre. Le mouvement est déjà amorcé: les réalisations dites «décarbonées» –devançant la RE 2020, qui sera applicable le 1er janvier prochain– ne sont plus si rares. En témoigne notre dossier sur les façades biosourcées: panneaux en paillage de chaume, béton de chanvre, rondins de châtaignier sont au programme. Antimoderne? Régis Debray, dans Le Siècle vert (Gallimard, 2020), remarque que «l’archaïque n’est pas l’anachronique, encore moins le périmé, mais le refoulé, ce substrat invisible qu’une crise générale fait remonter à la surface». Concernant le patrimoine, depuis 2017, l’exigence légale d’isolation thermique ne se traduit pas forcément par l’emmitouflage des bâtiments dans des couches d’ITE au détriment de leur architecture originelle (voir le dossier Rénovation environnementale). On peut même atteindre des performances intéressantes avec une isolation par l’intérieur. La fuite en avant technologique n’est pas toujours la solution. «La Terre est notre client, ce qui nous donne une responsabilité sur le long terme», déclaraient dans une conférence récente les architectes irlandaises Yvonne Farell et Shelley McNamara, lauréates du prix Pritzker 2020 et conceptrices du remarquable bâtiment de l’école d’économie de Toulouse. Et les fondatrices de l’agence Grafton d’ajouter: «L’architecture est l’art de jouer avec la lumière, le soleil, l’ombre, le vent ou la gravité, d’une façon qui révèle les mystères du monde. Et toutes ces ressources sont gratuites!»