amc n°173 – OCTOBRE 2007
COLLECTIF
Edité par LE MONITEUR, 2007
ISBN 10: 228119339X / ISBN 13: 9782281193398
article sur l'école maternelle à Marmoutier
Avec une volumétrie éloignée de l’archétype de l’école, cette maternelle de cinq classes s’affirme en secteur sauvegardé par une géométrie singulière que révèle une enveloppe de cuivre. Cette petite école s’inscrit dans une parcelle en léger contrebas du village de Marmoutier. La démarche de qualité environnementale qui a présidé à la conception du projet visait à la fois le confort des utilisateurs et l’efficacité énergétique, elle a influé sur les solutions techniques mais aussi sur la forme compacte du bâtiment. A partir d’un plan carré de 36 m de côté se développe une grande toiture dont la géométrie en plans biais génère des perceptions multiples. Au centre, une émergence vitrée vers le sud porte le mot école et capte la lumière et la chaleur du soleil pour l’amener au cœur du bâtiment. Le plan s’organise autour d’un vaste hall central qui distribue les salles de classes, évitant les couloirs classiques de circulation. Cette disposition facilite la vie des enfants et des enseignants et favorise les échanges thermiques internes. Toutes les salles de classe bénéficient d’une double orientation qui optimise le confort visuel et contribue à la ventilation naturelle de l’équipement. Le bâtiment est conçu comme un outil performant sur le plan thermique. La construction est en béton avec isolation par l’extérieur et enveloppe en bardage de cuivre, y compris la toiture. Un jeu de plans obliques issus de rabattements des géométries de la toiture anime les façades de cet ensemble compact. En façade ouest, des menuiseries très épaisses (35 cm) en chêne jouent le rôle de brise-soleil tandis qu’en façade nord, le vitrage est placé au nu extérieur du mur et forme meuble à l’intérieur. La singularité volumétrique de la toiture est perceptible à l’intérieur du bâtiment : le principe de déformation du carré est repris dans le plan de mise en couleur du sol qui comporte quatre teintes donc un triangle rouge mais se lit indépendamment du découpage des espaces. Le sol rouge en rabattement se raccroche au haut jour par un ruban qui se déforme dans l’espace. Au sol, le béton est teinté dans la masse, tandis qu’au mur, le rouge Corbu est une peinture suisse avec pigments naturels. Le patio avec ses grandes baies vitrées au sud sert de capteur d’énergie, cette chaleur est redistribuée dans le hall. Un puits canadien contribue aux économies de chauffage. La consommation totale annuelle est estimée à 42 kWh/m2. un système de soufflage permet aussi de rafraîchir les locaux lors de spics de chaleur. L’éclairage artificiel est régi par des sondes qui assurent l’optimisation du confort et de la consommation d’énergie. De grandes cloisons vitrées assurent des transparences à travers tout le bâtiment. La salle polyvalente est un espace ouvert mais un renforcement spécifique de l’acoustique en assure un usage fonctionnel. Cet équipement permet également de faire depuis la bibliothèque, des projections pour les habitants du village. La déformation du bâtiment se prolonge à l’extérieur, dans le tracé du grand bac à sable, des surfaces de gravier, de béton et de pelouse. Un bassin de récupération des eaux de pluie d’un mètre de profondeur, qui jour le rôle de tampon, permet de réduire et de différer la quantité d’eau rejetée dans le réseau public. La cour est protégée par une haie coupe-vent en bruyère qui ne lutte pas visuellement avec les vestiges du mur de pierre historique. Selon Dominique Coulon, les arguments de qualité environnementale ont contribué à faire admettre l’image inhabituelle de cet équipement en secteur sauvegardé. Bien comprise, la HQE peut donc aider l’architecture contemporaine.