AMC n°276
ISSN : 0998-4194
éditeur : AMC
date de parution : Mai 2018
nbre de pages : 124
format : 23 x 30 cm
langues : Français
Au sommaire du numéro d'AMC qui vient de paraître (n°276-mars 2019): un événement sur l'œuvre sonore de Nicolas Frize dans la citadelle d'Amiens, un dossier sur les théâtres, des détails sur les jardins suspendus et une matériauthèque consacrée aux panneaux légers. Mais aussi les réalisations du mois: une médiathèque à Brétigny-sur-Orge par Obras et Vaam, un complexe sportif à Boulogne-Billancourt par Bruno Mader, un learning center à Marseille par Rémy Marciano, un centre d'art contemporain à Londres par Assemble Studio, ainsi que la reconversion d'un bâtiment minier à Oignies par Hérault-Arnod. En référence, Pierre Debeaux (1925-2001).
Edito
Etats de grâce
En ces temps incertains, où les enjeux financiers, quantitatifs, normatifs et de communication n’ont sans doute jamais pesé autant sur l’architecture, on s’étonnerait presque que des professionnels parviennent, envers et contre (presque) tout, à faire émerger d’un dispositif bâti un souffle émotionnel, une vibration sensible, voire un ravissement de l’esprit. Puisque rien ne les y oblige, sinon la conception qu’ils se font de leur métier et la hauteur de l’exigence qu’ils se fixent à eux-mêmes! C’est aussi parce que l’émotion créée par un environnement construit est probablement plus complexe que celle produite par une œuvre d’art plastique, musicale, ou littéraire. «L’architecture est la science des correspondances subtiles», a coutume de dire Marc Barani. De façon plus prosaïque, mais dans le même sens, Patrick Bouchain rappelle que «l’architecture est partout: dans une bordure de trottoir, la qualité d’une acoustique, le rapport entre construction et paysage».* Ce numéro d’AMC montre l’étendue de cette singularité relationnelle propre à l’architecture. Dans son rapport au son, avec ces «effleurements» et «scintillements» musicaux que le compositeur Nicolas Frize a intégrés dans les murs de la citadelle d’Amiens reconvertie en université par Renzo Piano. Et qui, au passage des étudiants, leur font lever la tête et dresser l’oreille (p.10). Dans son rapport au temps, avec le travail quasi-archéologique du collectif britannique Assemble, à Londres, pour révéler –et assembler!– les couches successives d’occupation d’anciens bains publics de la fin du XIXe siècle à l’occasion de leur transformation en centre d’art (p.42). Dans son rapport au paysage avec, en Suisse, l’improbable théâtre construit par Netzer et Bieler au col du Julier, à 2 300 m d’altitude, largement ouvert sur le décor alpestre environnant (p.50). Dans son rapport à la sculpture et aux mathématiques, avec les géométries complexes mises en œuvre dans les années 1960 et 1970 par le méconnu Pierre Debeaux pour sa caserne de pompier et ses maisons individuelles (p.57). Des bâtiments qui ont la capacité d’offrir de véritables états de grâce. Et qui plus est, sans coût supplémentaire, puisque celui-ci est inclus dans la sueur et le talent de leurs auteurs.
Gilles Davoine, rédacteur en chef