AD, Architectural Digest
Spécial 10 ans, Septembre - Octobre 2010, France
N°95
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ISSN 0990-977X
AD n°95 – SEPTEMBRE OCTOBRE 2010 article sur le conservatoire de musique et la salle festive de Maizières-les-Metz, par Christian Simenc
Signées de ténors et de talents confirmés, voici cinq réalisations, fraîchement livrées, qui nous ont séduits par leur force et leur audace.
EN DIX ANS, l'architecture française s'est forgé une solide réputation, autant sur son propre sol qu'à l'international. On pense évidemment à des personnalités comme Dominique Perrault, multirécidiviste au pays du Soleil-Levant notamment, ou à son compère Jean Nouvel qui, en 2008, a décroché la récompense suprême, le Pritzker Prize. Or, contrairement à ce que l'on pourrait croire, ces arbres ne cachent pas la forêt, et la génération suivante pousse allègrement derrière. C'est le cas de Dominique Coulon à Strasbourg, de Manuelle Gautrand, à Paris, ou du duo Isabel Hérault et Yves Arriod, à Grenoble, Voici notre sélection, subjective bien sûr. L'étrange monolithe Le conservatoire de musique de Dominique Coulon. à Maizières-lès-Metz C'est un parallélépipède de béton brut, quasi en lévitation, de 100 mètres de long sur 40 mètres de large, arborant un impressionnant porte-à-faux de quelque 16 mètres. Ainsi se présente le conservatoire de musique de Maizières-les- Metz (Moselle) livré, fin août 2009, par Dominique Coulon. De prime abord, c'est la peau de l'édifice qui interpelle, affichant la rusticité d'un béton standard coulé sur place. Un béton aux défauts assumés. Ce monolithe révèle peu du programme qu'il contient. Seules quelques ouvertures transpercent l'enveloppe, à la manière de ces formes en apesanteur qui flottent dans les tableaux de Joan Miro. Du parvis, le visiteur glisse littéralement sous le bâtiment pour emprunter un escalier monumental qui conduit jusqu'à un vaste espace à ciel ouvert, la cour intérieure, et au hall principal. Le contraste entre contenant et contenu est saisissant. La rusticité de l'enveloppe rompt avec la préciosité d'un intérieur constitué de patios très colorés, tel ce orange intense qui sature l'espace ou cette résine brillante, au sol, qui apporte une singulière lumière. Outre le conservatoire de musique proprement dit, on trouve aussi une salle des fêtes et un auditorium de 130 places. Les murs de la cour intérieure sont habillés d'une peinture phosphorescente. Le soir, ils irradient de leur lumière insolite, accentuant davantage encore ce doux sentiment d'étrangeté.